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[ L’immédiat – Camille Boitel ]

Mercredi 9 Février 20h / Théâtre de la Foudre

Cela faisait (quasiment) une éternité que je n’étais pas sortie d’un spectacle avec un tel entrain, simplement un sourire sur les lèvres et les yeux encore pétillants.

On s’installe face à une scène, au milieu d’un foutoir innommable – avec lequel je n’essaie même pas de rivaliser -, au centre de la scène, la reconstitution d’un appartement miteux, branlant et ça commence. Les scènes du quotidien rencontrent la pagaille, des réactions en chaine, derrière un bazar apparent, se cache une avalanche inattendue d’objets. On se retrouve au milieu d’un monde dans lequel le moindre mouvement provoque la chute d’une montagne de cartons.

La suite est un enchainement de tableaux faisant appel à l’imaginaire collectif. On reconnaitra à Camille Boitel, un sens aigu de la mise en scène, et d’astuces face à celle-ci, à croire que des esprits interviennent. On se serait attendu à plus de « spectaculaire » dans les figures des acrobates, mais on reste tout de même scotché par la technique de la seule femme sur le plateau. Ne pouvant lutter contre son élévation, elle tente de se retenir à son bureau, on vient l’aider ; elle finira tout de même coincée sous une pile d’objets incertains, afin qu’elle ne « s’envole » plus.

Autre tableau, un homme vit oblique, il est penché à 60° par rapport au sol ; et c’est tout un monde qui s’adapte à lui, on adapte le mobilier à son « obliquité », il reste dans l’illusion que son monde est droit. Et des adjuvants sont là pour l’aider, le soutenir à l’aide de différents stratagèmes, manches à balai, on le tire, on le pousse afin qu’il s’accommode à son monde et qu’il garde son originalité. Le plus beau message que m’a fait passer ce spectacle, créer du réconfort avec les personnes qui nous entourent, afin qu’un jour ils ne tombent pas de désillusion.

Le monde se construit autour d’une manipulation invisible, un quotidien remplit d’effets visuels et de messages engagés : la soif, la faim, la perte de repères,… Ces acrobates sont des survivants, dans un monde chaotique tout de même chargé d’humour.

La pièce monte très vite en pression grâce au premier tableau, il prend tellement de vitesse que l’on se trouve légèrement déçu par les tableaux qui suivent. On est baigné dans un univers de surprises permanent, l’origine circassienne de Camille Boitel donne à la représentation un côté loufoque, décalé, tout en permettant en trame de fond de dénoncer le monde dans lequel nous vivons.

Un chaos permanent dans lequel nous essayons de lutter et qui parfois prend le pas.